Enregistrer et mixer un son français : le cas du piano Erard Frères de Beethoven
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Enregistrer et mixer un son français : le cas du piano Erard Frères de Beethoven.
Études interdisciplinaires du timbre en musique, organologie, prise de son et analyse acoustique.
Martha de Francisco (McGill University) [PI] avec Malte Kob (Detmold University of Music) and collaborateurs externes Tom Beghin (McGill University and Orpheus Institute), et Chris Maene (Pianos Maene).
Description:
Une réplique nouvellement construite du piano Erard Frères de Beethoven de 1803 (Orpheus Institute, 2016-présent) a permis une étude de la «francité» à travers les explorations sonores et incarnées d'un pianiste-compositeur viennois bien connu et très important. En rapport avec la mission ACTOR, la recherche collaborative proposée s'appuie désormais sur les questions qui ont émergé d'un enregistrement sur l'instrument en 2019, qui présentait de la musique de Beethoven et des contemporains français Louis Adam et Daniel Steibelt.
A un niveau fondamental, nous nous demandons ce qui différencie un son « français » d'un son « viennois » ; mais compte tenu des compétences du facteur et du joueur, ainsi que des possibilités complexes d'un type particulier d'instrument, nous nous demandons également ce qui a fait de Beethoven un "apprenant rapide" sur un nouvel instrument et de son rival parisien Steibelt un "expert" d'un son familier - qui se prêtait bien à ce qu'on appelait en France le son continu, ou l'habileté à maintenir ou à « faire tourner » le son (qui a fait de Steibelt un champion largement reconnu de la technique du trémolo).
Le piano français Erard sera mis en contraste avec un pianoforte viennois d'Anton Walter (également une réplique, vers 1800). Pour établir d'abord un cadre de deux traditions de longue date, nous enregistrerons sur chaque instrument des fragments de Mozart (pour représenter une tradition autrichienne) et de Clementi (pour représenter une tradition anglaise/française). Nous ferons ensuite un zoom sur la période 1803-05 et une comparaison plus ciblée du « viennois » et du « français » avec des fragments de Beethoven (Op. 53, « Waldstein ») et de Steibelt (Op. 64). Les paramètres organologiques à évaluer comprendront la présence d'une deuxième table d'harmonie dans l'Erard (ajoutant une couche supplémentaire de vibrations sur sa "vraie" table d'harmonie, plus fine qu'une anglaise mais plus épaisse qu'une viennoise) et le comportement de réflexion sonore du couvercle (qui, sur un pianoforte viennois, était soit laissé fermé, soit complètement enlevé).
Un enregistrement sonore immersif multipiste captera les sons les plus caractéristiques des deux instruments dans le registre proche et moyen. Des mesures acoustiques simultanées seront réalisées pour analyser l'origine des ondes sonores à différentes distances. L'analyse perceptive des signaux du microphone en comparaison avec les données acoustiques recueillies ainsi que les matériaux du projet pilote (l'enregistrement de 2019) servira à décrire en détail les caractéristiques timbrales, visant à faire la lumière sur la façon dont les différences organologiques - renforcées par des manières distinctes de composition et de jeu - se manifestent et comment les premières réflexions sonores contribuent au caractère sonore de deux styles de construction et de jeu.
Parallèlement à ces enregistrements, les conditions acoustiques de la salle (temps de réverbération, STI, C80, etc.) seront capturées à l'aide de mesures de réponse impulsionnelle et d'autres méthodes standardisées. Nous étudierons les propriétés spécifiques des instruments en utilisant des techniques de mesure acoustique telles qu'une caméra acoustique (Visor de Head Acoustics) pour visualiser le rayonnement sonore, ainsi qu'une vibrométrie à balayage laser (PDV-100 de Polytec) pour analyser la vibration des cordes.
Des présentations à la conférence et un article évalué par des pairs en résulteront, et du matériel pédagogique sera développé.